mardi 22 novembre 2011

"Un récit poignant" (El Moudjahid, 5 octobre 2011)


L’auteur des Amants désunis, de l’Enfant du peuple ancien, de Ô Maria et du Rapt, Anouar Benmalek, se distingue de nouveau avec son dernier roman Tu ne mourras plus demain, paru aux éditions Fayard, qu’il a présenté au grand public au Salon international du livre d’Alger.

 

L’œuvre d’Anouar Benmalek est un récit poignant, par lequel il a essayé de présenter la seule et dernière preuve d’amour et d’affection pour une personne trop chère mais qui ne pourra, hélas, plus l’entendre. « Ma généalogie est un roman. Mais aujourd’hui maman est morte, et le seul roman que j’aimerais écrire, c’est celui de l’amour que je ne lui ai pas assez manifesté. Je croyais avoir tout le temps pour le faire et que ma mère s’éternisera, mais je me suis trompé,   » déclare-t-il, tout en ajoutant que ce roman ne relève pas de sa vie personnelle. Ce n’est pas une autobiographie intime, mais d’une situation désolante vécue et  dont il dit avoir la difficulté à la définir dans son dernier livre. « Jamais un texte ne fut plus imprévu pour moi ni plus dur et, simultanément, plus doux quoique amère  à écrire. Ce livre n’est certainement pas une autobiographie, je ne pense pas que ma vie personnelle soit à ce point captivante qu’il soit impératif de l’exposer au grand public. Cependant, qu’y a-t-il de plus intime que les sentiments que l’on porte à ses parents et, en particulier, à sa mère ! » souligne-t-il.

 L’auteur lance un appel à tous ceux qui se privent de déclarer leur affection à leurs parents et surtout à leur mère, de le faire pendant qu’il en est encore temps. Il regrette toutes les fois où il ne l’a pas fait pour sa maman. « Nous avons tous une mère que nous perdrons un jour. Si nous avons de la chance, cette mère, son existence durant, nous a follement aimé, sans condition aucune, au point d’être prête à sacrifier sa vie malgré notre ingratitude, nos défauts, nos oublis, notre indifférence parfois. Pourquoi alors nous nous privons de lui transmettre et de lui  faire sentir à quel point nous l’aimions et à quel point sa présence nous était indispensable. Il faut toujours se rendre à l’évidence que la vie va  tellement vite, qu’elle passe sans que nous nous apercevions de sa valeur. Alors il faut profiter de chaque moment et dire à ceux qui nous sont chers, que nous les aimons, affirme-t-il.  L’auteur ne se limite pas à l’amour d’une mère qu’il  a perdue et il ne reste pas captif de ce triste chagrin. Bien au contraire, il évoque également des  situations alarmantes du vécu social dans notre pays. Il y retrouve, en retraçant douloureusement la vie de celle à qui il doit la vie, les thèmes qui hantent son œuvre depuis toujours : la misère des origines, le racisme, l’intolérance, et le combat infatigable contre l’absurdité intrinsèque de l’existence, avec  un attachement à l’espérance et la bonté. Le combat quotidien des citoyens algériens contre une dure quotidienneté avec les différentes  directions, les hôpitaux, etc. Il  décrit ce vécu pénible et douloureux des Algériens.

Anouar Benmalek trouve toujours un refuge dans l’écriture, il retrace aussi la période d’indignité relevant de l’époque coloniale, très importante pour nos parents. « Il  ne faut jamais oublier que nous  n’étions même pas considérés comme des êtres humains à part entière. Il est aussi important de  dire que les régimes qui se sont succédé à la tête du pays n’ont pas fait œuvre utile, mais rien n’est comparable à un régime aussi indigne que le colonialisme », tient-il à préciser avant d’ajouter :  « Je voulais aussi parler de cette Algérie qui aime et hait en  même temps ses enfants, qui est égoïste et cruelle mais qui est nôtre. Alors je parle de ma génitrice et de ma deuxième mère qui est l’Algérie ». Par ailleurs Anouar Benmalek fait le souhait d’une vie meilleure  pour tout le monde, pleine de respect, de droit et de dignité. Il exhorte aussi les jeunes à aimer le savoir et la lecture.

Kafia Ait Allouache

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